En 2018, les papetières du Québec ont reçu 1 425 000 tonnes de vieux papiers, journaux et cartons. L’industrie papetière recycle cette fibre en papier toilette ou papier d’impression mais aussi en emballage alimentaire. Ainsi, les papiers et cartons que vous jetez dans le bac de recyclage pourraient bien vous revenir dans l’emballage de votre pain, votre sandwich ou vos fruits.
Depuis plus de soixante ans, la papetière Kruger s’est lancée dans la fabrication de papier recyclé. Agissant sur plusieurs leviers de l’économie circulaire, elle possède ses propres centres de tri pour parfaire le tri des matières collectées et ainsi approvisionner ses propres usines pour fabriquer des papiers et cartons avec du contenu recyclé. L’usine de Trois-Rivières, fabrique des cartons à partir de fibres recyclées pour offrir diverses solutions d’emballages alimentaires sur mesure, que ce soit des boîtes découpées pour des fruits ou encore des boîtes à pizza. Côté papier, on lui doit aussi les sacs papier KruKraft Naturel, fabriqués à 100 % de fibres recyclées post-consommation et conformes à la norme FDA pour le contact avec les aliments. Kruger met aussi à profit les propriétés des filaments de cellulose FiloCell pour renforcer ses emballages faits de fibres recyclées.
Dès sa fondation en 1882, Papier Rolland limitée fabriquait déjà son papier avec les retailles de coton des usines textiles avoisinantes. Aujourd’hui, Rolland est devenue une division du Groupe Sustana et produit un papier destiné à l’emballage alimentaire grâce aux fibres recyclées par l’autre division du groupe, Sustana Fibres. Contenant 30 % de fibres recyclés, le papier classé OGR (Oil and Grease Resistance) convient pour emballer les sandwiches et la charcuterie.
Pensons également à Cascades, naturellement engagée dans les solutions durables en matière d’emballage recyclable depuis plus de 50 ans. Dès 1971, elle créait Forma-Pak, une usine de production de pâte moulée à partir de fibres recyclées. Aujourd’hui, cette pâte moulée sert à fabriquer des plateaux pour les œufs et des cabarets de transports. Depuis septembre 2020, Cascades produit aussi une barquette de carton thermoformé 100 % recyclé conforme pour contenir des légumes et de la viande. Les fraises ont aussi droit à un panier de carton fait de fibres recyclées, facilement recyclable grâce à sa nouvelle anse en carton plutôt qu’en plastique.

Le verdict de l’analyse de cycle de vie
Le recyclage n’est toutefois pas une fin en soi, mais un moyen pour réduire l’empreinte environnementale d’un produit. C’est pourquoi il faut évaluer les produits de matières recyclées par une analyse de cycle de vie (ACV) qui consiste analyser les conséquences environnementales d’un produit pendant sa fabrication, son utilisation et jusqu’à sa mise au rebut. Cette analyse n’examine pas seulement les émissions de GES, mais aussi d’autres indicateurs environnementaux comme l’épuisement des ressources ou l’acidification des plans d’eau. Le Centre interuniversitaire de recherche sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG) et AGECO ont réalisé les ACV de plusieurs emballages alimentaires fait de pâte moulée recyclée, de cartons thermoformés recyclés ou de divers plastiques et polystyrènes recyclés ou non. Les emballages recyclés en pâte moulée et en carton formé sont moins dommageables pour l’environnement que les emballages de plastiques vierges pétrosourcés et même biosourcés. Les ACV réservent parfois des surprises et il faut reconnaitre que dans ces études, les barquettes de plastique recyclé comptent aussi parmi les solutions d’emballage les moins dommageables pour l’environnement.
Enfin, pour que l’économie circulaire tourne, il ne faut pas seulement fabriquer un produit avec un contenu recyclé, le produit doit être lui-même recyclable, voire transformé en énergie ou en compost. De la récupération des matières résiduelles à leur intégration dans des emballages qui seront eux-mêmes recyclables, ces entreprises ferment la boucle de l’économie circulaire.