Retour au blogue | 19 mai 2021 | Valérie Levée | Journaliste science, architecture et santé sécurité au travail

Construire en bois, c’est capter du CO2

 

 

Construire en bois fait partie des solutions pour lutter contre les changements climatiques. C’est écrit noir sur blanc dans les rapports du GIEC, et ce n’est pas sans raison.

Les arbres poussent et grandissent en se nourrissant du CO2 de l’air. Par la photosynthèse, ils captent le CO2 et le convertissent en bois. Autrement dit, du bois, c’est du CO2 en cage. « De façon générale, on peut dire qu’un mètre cube de bois contient une tonne d’équivalent CO2 », précise Jean-François Boucher, professeur à l’Université du Québec à Chicoutimi et membre du Centre d’étude de la forêt. Quand les arbres sont coupés pour en faire des 2 x 4 ou des poutres, ce CO2 emmagasiné reste séquestré dans le bois et donc dans le bâtiment construit en bois.

Oui, mais si la forêt est coupée, les arbres ne sont plus là pour faire de la photosynthèse et continuer à capter du CO2, direz-vous. C’est vrai! Mais la forêt va repousser et elle n’a pas besoin d’être à pleine maturité pour capter du CO2. En fait, c’est même le contraire. C’est dans la phase de croissance des arbres, quand le tronc s’épaissit et que les branches s’allongent, qu’ils absorbent le plus de CO2.

Un parterre forestier peut être coupé, mais ailleurs d’autres parterres sont en croissance et sur l’ensemble du territoire, le patrimoine forestier se maintient, voire est en croissance.

Jean-François Boucher, professeur à l’Université du Québec à Chicoutimi

Il s’agit alors de ne pas couper la forêt plus vite qu’elle ne pousse, de sorte que le CO2 séquestré et coupé n’excède pas le CO2 capté par la photosynthèse. « Un parterre forestier peut être coupé, mais ailleurs d’autres parterres sont en croissance et sur l’ensemble du territoire, le patrimoine forestier se maintient, voire est en croissance », assure Jean-François Boucher. En principe, avec des pratiques forestières durables, la forêt est carboneutre.

En principe, mais en pratique? Selon l’inventaire des GES du Canada, produit annuellement par le gouvernement fédéral en vertu de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, la forêt canadienne est un puits de carbone. De 1990 à 2015, le bilan carbone de la forêt, malgré les coupes forestières, est positif. Le bilan négatif de ces dernières années est circonstanciel, assure Jean-François Boucher. Le coupable est le dendroctone du pin dans l’Ouest canadien qui a conduit à une mort prématurée des arbres.

Poussons plus loin la réflexion, car on ne construit pas des bâtiments avec des arbres, mais avec des poutres, des colonnes, des 2 x 4, etc. Or fabriquer ces matériaux demande de l’énergie et émet donc des GES. La question est de savoir si fabriquer ces matériaux en bois génère plus ou moins de GES que s’ils étaient fabriqués en acier ou en béton. La réponse est donnée par GESTIMAT, un outil de calcul des émissions de GES liées à la fabrication des matériaux qui composent la structure d’un bâtiment. Yannick Lessard, chargé de projet pour GESTIMAT chez Cecobois, a fait les calculs pour plusieurs bâtiments, dont l’agrandissement de l’école Fernand-Seguin en ossature légère et le condo Origine avec ses 12 étages en bois massif d’ingénierie. Son constat général est que la fabrication des éléments de structure en bois plutôt qu’en acier ou en béton permet une réduction de 50 % des émissions de GES. 

Et dans ce contexte de changements climatiques, les possibilités qu’offre le bois sont une bonne nouvelle!

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